dimanche 31 août 2014

Le Chiapas ... et la casse!!!

Après notre parenthèse balnéaire, nous avons rejoint l’état le plus méridional du Mexique : le Chiapas.





Nous faisons un premier arrêt dans le Canyon del Sumidero. Au départ de la ville de Cahuré, nous optons pour la balade de 2h en lancha au fond du canyon.


 
 

Les falaises du canyon s’élèvent jusqu’à 800 m au dessus du niveau de l’eau, malgré la pluie menaçante, nous pouvons observer des formations naturelles curieuses comme l’hippocampe ou l’arbre de noël mais aussi de nombreux oiseaux et des crocodiles !!





Le parking du site nous offrira d’ailleurs un bon bivouac sécurisé et gratuit avec branchement électrique.




Le fond du canyon se termine par un barrage.

Nous rejoignons ensuite la ville de San Cristobal de Las Casas (SCLC) qui est située à presque 2 000 m d’altitude … les nuits y sont très fraîches, on s’emmitoufle pour bien dormir ! 
San Cristobal et les villages environnants ont la culture indienne la plus marquée de tout le Mexique.

Les villages environnants sont habités par des tzotziles (peuple indien) qui parlent leur propre dialecte.

Dans la ville de SCLC ... nous arpentons les rues comme d'habitude.


Dédicace à tous mes amis footballeurs : je suis devenu un supporter des Chivas de Guadalajara alias "les  chèvres"!!!







Intéressé par un hamac, Laurent se fait alpaguer par ce vendeur tenace qui divise son prix plus vite que son ombre : en moins d'une minute il n'en demande plus qu'1/4 de son offre initiale!!




Osons la couleur! Ici encore on aime les façades flashy!







On en profite aussi pour consulter un médecin pour les otites à répétition de Romane : c'est bien différent de la France car il n'y a pas de RDV, tu es pris en 5 minutes et ça ne te coûte que 2 € (30$ mexicains) !!!!



Par contre on espère que le diagnostic aura été bien fait!!!!!!!
C’est aussi dans cette ville que nous prenons le temps de faire la révision du RV … après déjà 16 000km de route depuis notre départ.
Il nous en reste encore quelques milliers à faire avant d’arriver en Floride, on prend les devants avant la panne … c’est ce que nous croyons à ce moment-là !!!!

Les mécanos commencent à « checkar » notre  RV : ce verbe est employé par les mécanos mexicains pour dire qu’ils procèdent à l' « examen» !


Le travail se fait sous la surveillance des filles, toujours aussi curieuses !!

En plus de la vidange et des changements de filtres, nous remplaçons les plaquettes de frein, un disque fendu et une rotule de direction qui provoquait des vibrations lors de forts freinages.

Pour notre part on fait confiance et comme on n’y connaît pas grand-chose on pense que tout est ok quand on passe à la caisse !
Erreur fatale !

Après la révision, nous nous rendons dans un village voisin de SCLC à San Juan Chamula ... en arrivant dans le village, on se gare sur le parking (payant) destiné aux touristes...j'adore la polysémie de l'expression écrite sur les WC publics :


Nous sommes venus précisément ici pour visiter l 'église (accès payant) et découvrir les drôles de rituels qui s’y passent à l’intérieur!



Quand nous entrons, nous observons de nombreuse bougies au sol qui est lui-même recouvert d’aiguilles de pin.
Les fidèles boivent ou prient avec des bouteilles de soda (les rots sont censés permettre d’évacuer les mauvais esprits !), certaines femmes viennent avec des poules tenues par les pieds et tête en bas (qui serviront à récupérer les mauvaises ondes qui sortent du corps…), des guérisseurs s’adonnent à des prières envoûtantes …
C’est un peu la 4ème dimension pour nous !


Malheureusement il est interdit de prendre des photos à l’intérieur et même si la tentation est grande, on respecte !

En cliquant sur ce lien, vous aurez des informations encore plus détaillées sur le lieu et des photos !

 www.horizon-nomade.com/chamula/

Après la visite de l’église, nous achetons quelques souvenirs d’artisanat faits main pour une bouchée de pain.
Et toi c'est quoi ton métier ? ... J'enfile des perles!
... sauf qu'ici l'expression perd tout son sens car il faut des centaines d'heures pour composer tous ces magnifiques bijoux de perles de rocaille!
Là encore, des heures de travail ...


Les stands sont tenus par des femmes tzotziles vêtues de leurs tenues traditionnelles : blouse et jupe en laine.



Après avoir acheté des bricoles sur le stand de cette femme, j’ose lui demander de poser pour la photo … je la prends assez rapidement car ça me met quand même mal à l’aise !


Sur le marché, Laurent subit un craquage !


et les filles sont toujours aussi contentes d'acheter des souvenirs!



Par contre du côté du marché alimentaire on ne se laisse tenter ni par les pattes de poulet (envoûtés) ni par les yaourts à température ambiante (depuis X jours).



La région du Chiapas connaît, comme en Corse, ses indépendantistes (les zapatistes) ... que l'on retrouve souvent en figurines.


Après la visite de San Juan Chamula, nous décidons d’enchaîner avec le village voisin : San Lorenzo Zinacantan … mais en chemin les plaquettes se mettent à fumer sévèrement avec une forte odeur de brûlé … on s’arrête en catastrophe sur le bas-côté et après réflexion on décide de retourner au garage qui a fait le changement pour être rassurés.

Malheureusement nous sommes samedi après-midi et arrivés sur place, le garage est fermé … jusqu’à lundi matin !

Nous allons alors au camping de SCLC pour attendre : il s’agit du Rancho San Nicolas, un havre de paix au milieu des arbres et tout proche du centre ville.

Dans ce camping on se pose : SKYPE avec la famille et les amis, billard, école, lavage de cheveux (mensuel), recherches sur internet pour la suite du voyage … nous avons le temps par rapport à notre itinéraire et nous avons décidé de passer par le Guatemala (à la frontière du Chiapas) et le Belize avant de remonter sur le Yucatan.


Nous passons aussi une super soirée avec les nouveaux arrivants au camping : 2 couples américains, voyageurs au long cours comme nous.

Bon voyage à vous les amis !


Nous espérons recroiser Erdem et Sarah car nos routes vont se recroiser !

Nous quittons le camping après avoir raté notre dump !

Kesako « le dump » ? Il s’agit du largage des eaux usées (évier, lavabo/douche et WC) … je vous laisse imaginer à quel moment le tuyau a lâché !!! …

Nous devons nettoyer avant de partir et c’est la m... !
C’est le cas de le dire … il nous faut une pelle … nous nous adressons au jeune mexicain qui gère les campeurs pour obtenir cette pelle mais il nous dit qu’il va s’en charger !
Il répand du sable, de la terre, de la sciure de bois … tout ça avec le sourire !

Nous pouvons repartir tranquilles et après discussion, nous décidons finalement de ne pas retourner au garage, il paraît que les nouvelles plaquettes peuvent fumer lors de la phase de rodage… nous prenons donc la direction de nos 2/3 dernières étapes avant le passage de la frontière avec le Guatemala.

A 45 minutes de route de SCLC, c’est le drame : il est 15h, les vitesses ne passent plus … seule la marche arrière fonctionne!

Nous venons de casser la transmission, nous étions dans une montée... je guide Laurent qui vient stationner le RV en marche arrière sur le bas-côté de la route.

Ce qui pouvait arriver arriva : nous sommes au milieu de nulle part, le RV ne peut plus bouger, nous n’avons pas de téléphone, pas de pages jaunes, pas de sauveur en vue …

La police municipale qui passait par là s’arrête et veut bien contacter pour nous le dépanneur du coin …
au bout de 30 minutes le gars arrive, il ne nous inspire pas confiance, il est déjà presque 18h … il annonce son prix et comme nous sommes coincés il est difficile de négocier : nous sommes bons pour accepter son offre (très faiblement baissée après petite négo !) et attendre son retour soit disant rapide …

Il n’ arrivera que 2h plus tard, il est 20h00 et il fait nuit noire !

Nous sommes excédés d’avoir dû l’attendre si longtemps et quand on voit la taille de sa remorque et la manière dont il s’y prend, on commence à s’inquiéter !!

Ils n’ont même pas d’éclairage pour atteler notre RV, on leur prête nos frontales !

Ils ne voient pas comment attacher le RV… nouvelle technique :  ils commencent à vouloir le monter sur la remorque … qui ne semble pas assez longue pour pouvoir poser toutes les roues sur la plate-forme …

Quand le pot d’échappement se met à racler le sol et que je vois bien que l’inclinaison va encore s’accentuer, je leur crie dessus dans un espagnol énervé et francisé :
« stop, ce n’est pas possible, je ne veux pas que vous continuiez !! »
Ils remballent leur remorque et s’en vont sans un mot!

 … ils n’ont pas dû apprécier de se faire reprendre en public par une femme …

Pour ma part, je pense avoir sauvé notre RV en ne faisant pas affaire avec cette équipe
de bras cassés !

Il est 21h00 … nous en sommes toujours au même point, c’est-à-dire en galère !!!

La nuit porte conseil …

Avant de pouvoir dormir, Laurent fait appel à tous les badauds qui suivent notre mésaventure pour pousser le RV (3,5 tonnes) qui est encore un peu sur le bord de la route !

Pour la première fois je me mets au volant pendant qu’une dizaine de personnes pousssent à l’arrière … la première tentative est un échec ... tellement paniquée, je maintenais encore la pédale de frein!!

3 poussées plus tard, nous sommes enfin stationnés (on ne sait pour combien de temps !) pour la nuit.

Nous sommes en face d’une maison indienne dont les habitants ont aidé à la manœuvre et qui nous rassurent « ici vous êtes en sécurité, il n’y a rien à craindre. » … ça tombe plutôt bien car on n’a pas le choix !!

Le lendemain matin notre décision est prise :

On va se débrouiller par nous-même car le premier dépanneur à qui nous avons eu affaire n’était pas du tout pro et comme il s’agit de réparer la pièce maîtresse du bon déroulement de notre voyage, la mise en jeu est de la plus haute importance !!

A 8h30, Laurent retourne seul en colectivo (navette collective) à SCLC avec pour mission : retourner au garage qui a fait les réparations pour voir s’il s’y connaît en transmission et s’il connaît un dépanneur digne de ce nom !!

Pendant ce temps je m’occupe des filles dans le RV avec la boule au ventre, la nuit a été horrible of course : entre l’angoisse et les hurlements de chien, on n’a pas bien dormi !

A 11h30, j’aperçois déjà Laurent qui revient à bord d’une dépanneuse : les gars sont sérieux et le prix de la course est bien plus bas en plus !!

C'est parti pour un remorquage sérieux.


Il nous faudra quand même 2h pour arriver à SCLC en serrant les dents et les fesses à chaque dos d’âne … il y en a une quarantaine et tout le poids du RV repose seulement sur les roues arrières …

Pour me changer les idées, je monte dans la capucine et m’improvise reporter photo depuis la fenêtre … et capture, aussi discrètement que possible, de belles scènes de vie indiennes.

Les beaux paysages déjà vus la veille … quand tout allait bien… avec des beaux champs de maïs et la terre orangée




Le linge qui sèche



Les femmes (pas d’hommes !?) qui font la lessive


Les maisons que l’on croyait soufflées par un tremblement de terre ou des rafales de vent … Laurent m’apprendra, après discussion avec le remorqueur, qu’il s’agit de règlements de comptes entre tribus indiennes n’ayant pas les mêmes croyances religieuses !


Les stands et petits magasins de bord de route

Enfin arrivés à bon port, le dépanneur nous conduit auprès d’un premier "artisan amigo specializado" qu’il nous recommande mais celui-ci ne nous inspire pas vraiment confiance et en plus il semble débordé …

On part voir un deuxième amigo specializado aussi !
Tout ça toujours avec le RV accroché à la dépanneuse !
Heureusement avec ce dernier on sent bien la chose.

Notre deuxième objectif : trouver un bon mécano, est atteint !

 Ils procèdent à l’enlèvement de la boîte de transmission mais il est tard et ils ne pourront l’ouvrir que demain pour savoir quelles sont les pièces à changer ! … on se met à rêver que ça pourrait être moins grave qu’il y paraît … nous dormons rassurés car nous savons que tout va rentrer dans l’ordre (moyennant finance et patience) !

Mais le lendemain (mercredi), le verdict tombe : il faut tout changer, commander les pièces qui n’arriveront que samedi… on ne repartira pas avant lundi prochain et la facture est « picante» comme on dit ici !!

Nous allons donc passer les prochains jours, non pas au Guatemala mais sur un grand parking dans une station PEMEX (à 20 minutes à pied du centre-ville) … la vue n’est pas à couper le souffle mais en y regardant bien, on peut quand même voir les montagnes au loin !

On prend notre mal en patience, on positive et on imagine que la situation aurait pu être encore plus critique !!

Le premier soir Paulo et sa fille Maya nous rendent une visite inattendue : ce papa a vu nos 3 filles, s’est douté que nous allions rester un moment en voyant les mécanos sous notre RV et nous propose d’inviter nos filles à jouer chez lui dans sa grande maison ...

Nos filles et Maya sont aux anges, en moins d’une seconde la barrière de la langue n’en est plus une !




Bilan de l’expérience :

Peut-être que le premier réparateur a mal fait son boulot lors de la révision … on lui avait dit tous les filtres et huiles et il n’a fait que celle du moteur …
On a mal checkado lors du passage à la caisse !

Peut-être que nous avons été négligents et que cette panne aurait pu être évitée en regardant sous le capot de façon plus régulière et approfondie …

Peut-être que les fidèles de San Juan Chamula nous ont lancé un mauvais sort …

Peut-être qu’il faut arrêter de se poser des questions inutiles et aller de l’avant !

Quelque part, c’est la tuile qui donne une autre dimension au voyage, on est heureux de se voir faire face, cet incident nous apprend à rester toujours positif et nous permis de belles rencontres !

On en a aussi profité pour prendre le temps de :

Laver le RV


Faire réparer la carrosserie pour quelques pesos (cette fois ce n’est pas nous, l’accroc était d’origine !)
Mitonner de bons petits plats




Faire un stage scolaire intensif pour les filles … récompensé bien sûr !





 On fait un tour à l'Alliance française de SCLC, un moment toujours agréable.




Qu’est ce qui nous attend pour la suite ?

et bien justement on n’en a aucune idée alors que l’aventure continue !

2 commentaires:

  1. Bravo Armelle. Ton style est vraiment gai.
    On comprend que les malheurs rendent plus capable de vivre le temps présent.
    Ce voyage sera une réussite pour l'exemple des réactions face à l'adversité. Ce qui ne nous tue pas nous rend plus fort.

    Plus les commentaires sont fournis, plus on apprécie. C'est un régal.
    La croyance mexicaine est effectivement étonnante. Vu la forme tourmentée des pattes de poulet, vous avez bien fait de ne pas les prendre, ils étaient surement envoûtés.

    Et comme en plus les paysages sont magnifiques peut être que vous n'aurez pas les yeux assez grands pour voir tout ce que vous allez rencontrer.

    P.S. les filles n'ont pas donné leur avis sur ce qui les a intéressé. Du coup, on remplace leurs remarques (absentes) par l'idée qu'on s'en fait.

    Grand père

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  2. Salut les simones, et bien grosse semaine entre les sodas de chamula (je vais boire plus de bière moi!!!) et le van qui tombe en carafe au milieu de nulle part. Savoir faire face aux galères c'est aussi ce qui fait le charme de l'aventure. J'ai kiffé le bilan que vous faites de cette expérience, comme le reste de votre carnet de routes d'ailleurs qui à travers vos récits et vos photos nous permettent, en cette période de rentrée, de voyager aussi un petit peu et de nous instruire.....bref vivement le prochain épisode , en espérant que vous serez loin de la station pemex.

    La bise à vous 5.

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